Le chiffrement des données reste la première barrière face aux accès non autorisés, mais il est souvent mal mis en œuvre. Les erreurs de configuration, les pratiques de collecte et la gouvernance déficiente multiplient les risques, et celles-ci pèsent fortement sur la conformité RGPD.
Ce texte passe en revue les erreurs courantes liées au chiffrement et aux pratiques associées, en proposant des mesures concrètes et vérifiées. L’analyse se poursuit avec des repères pratiques et mène logiquement vers la rubrique suivante
A retenir :
- Chiffrement systématique des données sensibles
- Contrôles d’accès fondés sur les rôles
- Consentement clair et traçable pour chaque traitement
- Mises à jour régulières et gestion des correctifs
Erreurs de collecte et stockage liées au chiffrement des données
Après avoir rappelé les enjeux, la collecte et le stockage apparaissent comme des points d’entrée privilégiés pour les incidents. De mauvaises pratiques dans ces phases compromettent immédiatement la confidentialité et la conformité, et exigent une réponse technique et organisationnelle.
Les organisations doivent conjuguer chiffrement, bonnes politiques d’accès et traçabilité pour réduire l’exposition. Selon l’ANSSI, l’application cohérente de ces principes réduit la gravité des incidents signalés.
Voici une synthèse des erreurs fréquentes et des mesures associées, utile pour orienter un plan d’action concret. La préparation opérationnelle facilitera ensuite le traitement et le respect des droits individuels.
Types d’erreurs et niveaux de risque :
Erreur
Risque
Mesure recommandée
Base de données non chiffrée
Élevé
Chiffrement au repos avec gestion centralisée des clés
Stockage sur services publics non audités
Moyen
Choix de fournisseurs certifiés et contrats clairs
Backups non protégés
Élevé
Backups chiffrés et isolation réseau
Accès génériques sans traçabilité
Élevé
Gestion des accès basée sur les rôles et journalisation
Mesures immédiates recommandées :
- Activer le chiffrement des bases et des backups
- Verifier les certifications des fournisseurs cloud
- Supprimer les comptes partagés non nécessaires
- Documenter les finalités des traitements collectés
« J’ai découvert des backups non chiffrés lors d’un audit interne, ce qui a déclenché une remédiation rapide »
Paul N.
Un exemple concret illustre le risque : une PME qui utilisait un stockage partagé sans chiffrement a subi une fuite de données. Le cas de cette entreprise montre l’importance d’un chiffrement homogène et d’un audit régulier.
Bases de données non sécurisées et chiffrement insuffisant
Ce point se rattache aux règles de stockage déjà évoquées, et concerne surtout les choix d’algorithmes et de gestion des clés. Un chiffrement faible ou une mauvaise protection des clés annule l’effet de la protection, laissant les données vulnérables.
Les bonnes pratiques exigent des algorithmes contemporains et une solution de gestion des clés externalisée si nécessaire. Des acteurs comme Thales, Gemalto et Prim’X proposent des solutions matérielles pour renforcer cette étape critique.
Consentement et transparence lors de la collecte
Ce sujet relie la collecte au stockage, car sans consentement clair la légitimité du traitement est compromise. Les mentions et le mécanisme du consentement doivent être contrôlables et archivés pour répondre aux demandes de preuve.
Pratiques de conformité applicables :
- Cases à cocher non pré-cochées pour chaque finalité
- Traçabilité horodatée des consentements
- Mécanisme simple de retrait du consentement
- Information claire sur durée de conservation
Cette rigueur évite des sanctions et renforce la confiance des utilisateurs, éléments clés pour la pérennité commerciale. Le passage au traitement strict des droits clients s’impose ensuite.
Selon la CNIL, la documentation du consentement est un point fréquemment contrôlé lors des inspections. Une organisation bien documentée simplifie considérablement les réponses aux demandes.
Problèmes de traitement et respect des droits des personnes
Enchaînant sur la collecte, le traitement des données soulève des défis légaux et pratiques qu’il faut résoudre rapidement. La conformité passe par des finalités claires, des durées maîtrisées et des processus robustes pour répondre aux droits des individus.
La mise en place de politiques internes permet d’éviter la conservation excessive et d’assurer le respect des droits d’accès et de suppression. Selon Eurostat, les entreprises qui structurent leurs processus réduisent leurs incidents de conformité.
La gestion opérationnelle inclut audits, workflows d’effacement et preuves d’exécution, éléments demandés par les autorités. La préservation de la réputation dépend ensuite d’un bon pilotage interne.
Problème
Conséquence
Action prioritaire
Traitements sans finalité documentée
Suspicion de non-conformité
Cartographier et justifier chaque traitement
Durées de conservation non définies
Accumulation de données obsolètes
Définir cycles de rétention et purge
Réponses aux droits lentes
Risque de plainte et amendes
Automatiser les workflows de demande
Manque d’archivage des preuves
Impossible d’attester la conformité
Conserver journaux et preuves d’exécution
Processus opérationnels recommandés :
- Cartographie des traitements et responsabilités
- Workflows automatisés pour les demandes d’usager
- Purge régulière des données obsolètes
- Journalisation immuable des actions sur données
« J’ai réduit nos délais de réponse de moitié grâce à un workflow automatisé »
Claire N.
L’intégration de solutions comme Oodrive, Evidian et Idnomic facilite la traçabilité et la protection des accès. Ce socle technique prépare ensuite la mise en œuvre stricte des mécanismes de sécurité.
Conservation excessive des données et finalité floue
Ce point illustre le glissement qui transforme des ressources actives en passifs risqués au fil du temps. Définir et appliquer des règles de conservation évite l’accumulation et facilite les réponses aux autorités.
Un cas fréquent est la conservation indéfinie des données clients après la fin de la relation commerciale. L’application de cycles de rétention supprime ce risque et libère des ressources de stockage.
Processus pour exercer les droits des personnes
Ce sujet se rattache aux workflows évoqués et requiert des interfaces utilisateur claires pour les demandes d’accès ou d’effacement. Un pilote interne dédié garantit la coordination entre services techniques et juridiques.
Étapes opérationnelles priorisées :
- Portail dédié pour demandes des personnes concernées
- Validation interne et horodatage des actions
- Archivage des preuves de conformité
- Revue semestrielle des procédures
Sécurité technique : chiffrement, accès et mises à jour
Venant des enjeux de traitement, la sécurité technique est le verrou final pour protéger les données en transit et au repos. Des choix technologiques solides et une gouvernance des accès conditionnent l’efficacité de ces protections.
Il faut combiner chiffrement robuste, gestion fine des privilèges et politique de patching régulière. Selon l’ANSSI, ces trois leviers sont systématiquement cités comme facteurs de réduction des incidents majeurs.
Des partenaires industriels et des éditeurs français offrent des solutions adaptées aux entreprises de toutes tailles. L’adoption de bonnes pratiques permet ensuite d’initier des exercices de simulation et de résilience.
Contrôle
Implémentation
Outils exemples
Chiffrement en transit
TLS 1.2+ et certificats gérés
Atos, Orange Cyberdefense
Chiffrement au repos
Encryption disque et base avec KMS
Thales, Gemalto, Prim’X
Contrôle d’accès
RBAC et MFA obligatoires
Evidian, Idnomic
Patching et correctifs
Calendrier et tests avant déploiement
Sopra Steria, Stormshield
Actions recommandées pour démarrer :
- Adopter MFA et RBAC pour tous les accès critiques
- Mettre en place un KMS centralisé pour les clés
- Planifier des fenêtres régulières de mise à jour
- Conduire des tests de pénétration annuels
« Notre partenaire Orange Cyberdefense a aidé à instaurer un patch management fiable »
Marc N.
Former les équipes renforce durablement l’efficacité des dispositifs techniques, car l’erreur humaine demeure un facteur majeur. Une culture de sécurité opérationnelle complète le dispositif technique et organisationnel.
« La formation régulière a réduit les incidents liés aux mots de passe et aux usages du wifi public »
Aline R.
Enfin, s’appuyer sur des intégrateurs ou des éditeurs expérimentés facilite la mise en conformité et l’industrialisation des pratiques. Le choix des fournisseurs et la contractualisation des engagements de sécurité restent des étapes décisives.
« Un avis technique indépendant m’a convaincu d’adopter une gestion centralisée des clés »
Julien N.
Source : ANSSI, « Rapport sur la cybersécurité », 2022 ; CNIL, « Guide de la protection des données », 2023 ; Eurostat, « Statistiques entreprises cybercriminalité », 2021.